911 RSR 2L8 1973
300 cheveaux - 55 exemplaires - 260 km/h

Pour cette deuxième chronique de l'année, nous allons poursuivre le fil conducteur que constitue le magnifique ouvrage édité par « Mathieu Lustrerie » commémorant les 60 ans de la Porsche 911 (voir page 120 -121).
Après une première tentative d'élaboration de 911 de course initiée par Ferdinand Piëch : la 911R, qui ne trouvera pas de traduction en production (voir Chronique N°1)
une deuxième tentative sera décidée en 1972 pour la saison sportive 1973.
1973 sera une année de rupture : premier choc pétrolier avec ses conséquences « géo-politico-économico-sociales » mais également rupture importante dans l'univers Porsche.
- L'épisode « 917 » voulu par Ferdinand Piëch et initié en 1969 s'est terminé en Europe par 2 victoires au Mans et 2 titres de Champion du Monde et se termine aux USA avec 2 titres en CAN-AM : tous les objectif sportifs ont été atteints.
Le rideau se tire sur une expérience exceptionnelle en terme de résultats et d'image pour la Firme.
Les conséquences de cet épisode devenu mythique seront cependant désastreuses pour les finances de l'entreprise et aucun programme sportif de grande envergure ne peut plus être envisagé.
- Cette période « 917 » démontre aussi l'impossibilité qu'a rencontré Ferdinand Porsche junior (dit « Ferry ») à contrôler les ambitions de son neveu Ferdinand Piëch initiateur et maitre d'oeuvre de ce programme sportif
« Ferry » et sa soeur Louise Piëch-Porsche, co-actionnaires de l'entreprise, décident d'exclure de toutes fonctions opérationnelles leurs propres enfants afin d' éviter à l'avenir tout nouveau débordement incontrôlable.
Ainsi Ferdinand Alexander dit « Butzi » (fils de « Ferry »), qui a entre autres dessiné la Porsche 904 et surtout la 901 devenue 911, ira fonder « Porsche Design »
et Ferdinand Piëch ( fils de louise) , au demeurant un homme et un technicien brillant mais de caractère difficile, ira rejoindre le Groupe VW et Audi avec le succès que l'on connait (on lui doit notamment le concept Quatro qui a révolutionné les rallyes)
- Enfin se concentrant sur la Présidence du Conseil, « Ferry » a fait nommer Ernst Fuhrmann Directeur opérationnel : le premier responsable opérationnel hors de la famille Porsche.
« Ferry » s'apercevra très vite que Fuhrmann ne croit plus à l'avenir de la 911, compte tenu des normes américaines et bientôt européennes de plus en plus drastiques,Son credo sera celui du moteur à refroidissement à eau, à l'avant de la voiture et avec une transmission classique... c'est à dire la 924 (et ses dérivés) et surtout la 928.
Piètre visionnaire mais très bon technicien (on lui doit le premier moteur de course Porsche à 4 arbres à came en tête dans les années 50) il croit heureusement encore à l'avenir de la 911 en compétition. Il a mis en place l'étude de ce qui deviendra la Carrera RS 2.7 ( eh oui ! le nom 911 ne figure même plus puisque la mort du modèle en dehors de ses déclinaisons suralimentées ou sportives est programmée pour 1975-1976,,,) .
L'objectif de cette étude de Carrera RS 2.7 est la production de 500 exemplaires, nécessaires à une homologation en Grand Tourisme où la concurrence devient sévère. Ce nouveau modèle permettrait, par les lois bienvenues d'extension d'homologation, de produire une « vraie 911 de course », plus large du train AR et pouvant même réglementairement afficher une cylindrée légèrement supérieure : la Carrera RSR 2.8.
Une première série de Carrera RS 2.7 de 230 cv sera vendue en quelques jours ainsi que les deux séries suivantes de même puissance. C'est au total 1590 exemplaires qui seront produits dont 49 exemplaires de RSR 2.8 de 308 cv et destinés à la course.
Un programme sportif ambitieux mais pas trop dispendieux peut ainsi être désormais lancé en ce début d'année 1973.
Un engagement aux 24h de Daytona (épreuve phare de l'endurance aux USA) est envisagé. Problème : en février la voiture n'est pas encore homologuée en GT. Afin de tester en situation réelle le tout nouveau moteur 2,8 deux exemplaires sont cependant engagés en catégorie supérieure Sport
Le premier par « Brumos » avec ses 2 pilotes associés et propriétaires des concessions éponymes : Peter Gregg et Hurlay Haywood et surtout le deuxième, engagé par la prestigieuse écurie Penske (que l'on retrouvera au 24h du Mans en 2023 toujours associée à Porsche,,,) avec ses 2 pilotes vedettes : Marc Donohue et Georges Follmer (vainqueurs entre autres sur Porsche 917 turbo des Championnats CAN-AM 1972 et 1973).
Bien sûr la victoire au classement général ne peut être envisagée face aux « vraies »
voitures 3 litres de la catégorie Sport que sont les deux Mirages à moteur Cosworth, une Matra (pilotée par JP.Beltoise, F.Cevert et H,Pescarolo), une Lola et deux Porsche 908 endurantes et éprouvées
A la surprise générale après 10 heures de course et de nombreux ennuis mécaniques et abandons affectant les concurrents, les 2 Porsche se retrouvent en tête, la « Penske » un tour devant la « Brumos !
Après 15 heures de course la « Penske » abandonne malheureusement sur bris de moteur et la « Brumos » n'a plus qu'à gérer son avance pour remporter une superbe victoire !
A quelques semaines près, si la voiture avait pu être homologuée dans les temps, c'est en catégorie Grand Tourisme que la plus prestigieuse course d'endurance des USA aurait été remportée par la Porsche Carrera RSR 2.8.
La saison européenne qui démarre en mars 1973 verra bien sûr la victoire en GT (maintenant homologuée) d'une Carrera RSR 2.8 sur 7 des 8 manches de Championnat du Monde,Mais la victoire de Daytona aura donné des idées à Porsche car elle permettra à l'écurie officielle Martini-Porsche d'engager des RSR de plus en plus évoluées aérodynamiquement, cubant jusqu'à 3 litres de cylindrée et affichant 330 chevaux afin de tenter de gagner au classement général et en catégorie Sport comme elle l'a fait en Février
Ce sera chose faite au mois de Mai à la Targa Florio que l'équipage vedette Herbert Müller-Gijs van Lennep remportera magnifiquement avant de se classer quatrième en Juin aux 24 Heures du Mans
A noter que tout cela s'est fait avec une voiture issue de la « production » face à de « vraies » voitures de course ayant nom: Matra, Ferrari, Alfa Roméo, Mirage ou Lola.
Mais cette fantastique saison 1973 aura une suite qui vous sera contée très prochainement,,,






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300 cheveaux - 55 exemplaires - 260 km/h
Pour cette deuxième chronique de l'année, nous allons poursuivre le fil conducteur que constitue le magnifique ouvrage édité par « Mathieu Lustrerie » commémorant les 60 ans de la Porsche 911 (voir page 120 -121).
Après une première tentative d'élaboration de 911 de course initiée par Ferdinand Piëch : la 911R, qui ne trouvera pas de traduction en production (voir Chronique N°1)
une deuxième tentative sera décidée en 1972 pour la saison sportive 1973.
1973 sera une année de rupture : premier choc pétrolier avec ses conséquences « géo-politico-économico-sociales » mais également rupture importante dans l'univers Porsche.
- L'épisode « 917 » voulu par Ferdinand Piëch et initié en 1969 s'est terminé en Europe par 2 victoires au Mans et 2 titres de Champion du Monde et se termine aux USA avec 2 titres en CAN-AM : tous les objectif sportifs ont été atteints.
Le rideau se tire sur une expérience exceptionnelle en terme de résultats et d'image pour la Firme.
Les conséquences de cet épisode devenu mythique seront cependant désastreuses pour les finances de l'entreprise et aucun programme sportif de grande envergure ne peut plus être envisagé.
- Cette période « 917 » démontre aussi l'impossibilité qu'a rencontré Ferdinand Porsche junior (dit « Ferry ») à contrôler les ambitions de son neveu Ferdinand Piëch initiateur et maitre d'oeuvre de ce programme sportif
« Ferry » et sa soeur Louise Piëch-Porsche, co-actionnaires de l'entreprise, décident d'exclure de toutes fonctions opérationnelles leurs propres enfants afin d' éviter à l'avenir tout nouveau débordement incontrôlable.
Ainsi Ferdinand Alexander dit « Butzi » (fils de « Ferry »), qui a entre autres dessiné la Porsche 904 et surtout la 901 devenue 911, ira fonder « Porsche Design »
et Ferdinand Piëch ( fils de louise) , au demeurant un homme et un technicien brillant mais de caractère difficile, ira rejoindre le Groupe VW et Audi avec le succès que l'on connait (on lui doit notamment le concept Quatro qui a révolutionné les rallyes)
- Enfin se concentrant sur la Présidence du Conseil, « Ferry » a fait nommer Ernst Fuhrmann Directeur opérationnel : le premier responsable opérationnel hors de la famille Porsche.
« Ferry » s'apercevra très vite que Fuhrmann ne croit plus à l'avenir de la 911, compte tenu des normes américaines et bientôt européennes de plus en plus drastiques,Son credo sera celui du moteur à refroidissement à eau, à l'avant de la voiture et avec une transmission classique... c'est à dire la 924 (et ses dérivés) et surtout la 928.
Piètre visionnaire mais très bon technicien (on lui doit le premier moteur de course Porsche à 4 arbres à came en tête dans les années 50) il croit heureusement encore à l'avenir de la 911 en compétition. Il a mis en place l'étude de ce qui deviendra la Carrera RS 2.7 ( eh oui ! le nom 911 ne figure même plus puisque la mort du modèle en dehors de ses déclinaisons suralimentées ou sportives est programmée pour 1975-1976,,,) .
L'objectif de cette étude de Carrera RS 2.7 est la production de 500 exemplaires, nécessaires à une homologation en Grand Tourisme où la concurrence devient sévère. Ce nouveau modèle permettrait, par les lois bienvenues d'extension d'homologation, de produire une « vraie 911 de course », plus large du train AR et pouvant même réglementairement afficher une cylindrée légèrement supérieure : la Carrera RSR 2.8.
Une première série de Carrera RS 2.7 de 230 cv sera vendue en quelques jours ainsi que les deux séries suivantes de même puissance. C'est au total 1590 exemplaires qui seront produits dont 49 exemplaires de RSR 2.8 de 308 cv et destinés à la course.
Un programme sportif ambitieux mais pas trop dispendieux peut ainsi être désormais lancé en ce début d'année 1973.
Un engagement aux 24h de Daytona (épreuve phare de l'endurance aux USA) est envisagé. Problème : en février la voiture n'est pas encore homologuée en GT. Afin de tester en situation réelle le tout nouveau moteur 2,8 deux exemplaires sont cependant engagés en catégorie supérieure Sport
Le premier par « Brumos » avec ses 2 pilotes associés et propriétaires des concessions éponymes : Peter Gregg et Hurlay Haywood et surtout le deuxième, engagé par la prestigieuse écurie Penske (que l'on retrouvera au 24h du Mans en 2023 toujours associée à Porsche,,,) avec ses 2 pilotes vedettes : Marc Donohue et Georges Follmer (vainqueurs entre autres sur Porsche 917 turbo des Championnats CAN-AM 1972 et 1973).
Bien sûr la victoire au classement général ne peut être envisagée face aux « vraies »
voitures 3 litres de la catégorie Sport que sont les deux Mirages à moteur Cosworth, une Matra (pilotée par JP.Beltoise, F.Cevert et H,Pescarolo), une Lola et deux Porsche 908 endurantes et éprouvées
A la surprise générale après 10 heures de course et de nombreux ennuis mécaniques et abandons affectant les concurrents, les 2 Porsche se retrouvent en tête, la « Penske » un tour devant la « Brumos !
Après 15 heures de course la « Penske » abandonne malheureusement sur bris de moteur et la « Brumos » n'a plus qu'à gérer son avance pour remporter une superbe victoire !
A quelques semaines près, si la voiture avait pu être homologuée dans les temps, c'est en catégorie Grand Tourisme que la plus prestigieuse course d'endurance des USA aurait été remportée par la Porsche Carrera RSR 2.8.
La saison européenne qui démarre en mars 1973 verra bien sûr la victoire en GT (maintenant homologuée) d'une Carrera RSR 2.8 sur 7 des 8 manches de Championnat du Monde,Mais la victoire de Daytona aura donné des idées à Porsche car elle permettra à l'écurie officielle Martini-Porsche d'engager des RSR de plus en plus évoluées aérodynamiquement, cubant jusqu'à 3 litres de cylindrée et affichant 330 chevaux afin de tenter de gagner au classement général et en catégorie Sport comme elle l'a fait en Février
Ce sera chose faite au mois de Mai à la Targa Florio que l'équipage vedette Herbert Müller-Gijs van Lennep remportera magnifiquement avant de se classer quatrième en Juin aux 24 Heures du Mans
A noter que tout cela s'est fait avec une voiture issue de la « production » face à de « vraies » voitures de course ayant nom: Matra, Ferrari, Alfa Roméo, Mirage ou Lola.
Mais cette fantastique saison 1973 aura une suite qui vous sera contée très prochainement,,,